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Entretien journal La République du Centre

Les fresques du hall de la gare c'est lui. Il vient aussi d'exposer dans le cadre de "Palettes" à Saint-Jean de la Ruelle. Questions à un artiste.
Né en 1958 à Mulhouse, Dominique Ehrhard vie et travaille à Orléans depuis dix ans. Il est agrégé de l'Université d'Arts Plastiques de Strasbourg. On a pu voir ses toiles exposées à la Chapelle de l'Institut des jeunes sourds de Saint-Jean de la Ruelle dans le cas de l'exposition "Palettes". D'autres expositions sont actuellement proposées, ailleurs en France. Les années passées on a pu le découvrir à Nancy, Strasbourg, Metz, Quimper, ou en Allemagne, en Italie et au Maroc. Si Dominique Ehrhard est un artiste jeune, il est donc d'ores et déjà plus novice...
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Habiter Orléans, c'est un choix ou un concours de circonstances ?

J'ai choisi Orléans pour être proche de Paris sans avoir cependant à y habiter : Orléans est agréable à vivre.
Venons-en à votre trajectoire: vos premières approches?
J'ai en premier lieu ressenti une attirance pour l'univers de l'atelier: mon père m'emmenait dans des ateliers d'architecte, c'était un environnement, une atmosphère qui me fascinaient.
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La rencontre d'un maître ?

Le choc s'est produit quand, adolescent, j'ai découvert Francis Bacon. Plus tard, il y eut d'autres découvertes mais plus jamais la violence de ce choc initial. Francis Bacon est pour moi celui dont il faudrait atteindre l'acuité.
Avant cette rencontre, enfant, il y avait déjà quelque chose, des signes ?
Tout enfant, vers 3-4 ans, on dessine bien, tout le monde s'extasie... C'est plus tard que se pose la question de ce que l'on veut faire: une question de rapport au monde, deux choix, de place.

​Comment définiriez-vous le statut de l'artiste ?

En tant qu'artiste, il faut produire. C'est compliqué de s'identifier comme artiste, même pour des questions pratiques, telles que les impôts. Mais cette dimension de flou me plaît bien, même s'il y a, parfois, des crises de foi quant à de la crédibilité de cette identité.
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Artiste et enseignant, c'est conciliable ?

J'enseigne avec énormément de plaisir, c'est pour moi de l'ordre de l'évidence. Il y a là une espèce de poids de réalité qui me lie à l'environnement social et me paraît indispensable pour ne pas se laisser griser par la facilité. Ceci d'autant que les élèves sont passionnés.

L'artiste Dominique Ehrhard trouve sa place, et le plasticien où en est-il de sa "carrière" ?

Actuellement les quatre expos ont cours: deux à Paris (une galerie, l'autre au musée de l'Orangerie), une à Quimper, une autre à Colmar.


Vous vous sentez confiant ?

Mais il n'y a rien d'acquis, jamais, tout est à refaire à chaque expo, on ne peut jamais savoir où l'on en est.

​Et l'argent?

L'argent est le signe tangible d'une adhésion. Pour moi, c'est toujours un petit miracle, je suis toujours touché que quelqu'un puisse adhérer jusqu'accepter ce plus ou moins grand sacrifices.

​Venons-en à votre démarche. Comment s'opère le processus de création ?

J'essaie d'être dans une position ouverte, d'exploration de ce qui pourrait arriver. Je déteste les peintures qui sentent l'effort; une peinture doit avoir une espèce d'évidence comme si elle s'était faite elle-même.

​Comment travaillez-vous ?

J'ai toujours une dizaine de toiles en cours. Je ne peins que très rarement dans l'urgence, les toiles se constituent couche après couche, comme un squelette que l'on recouvre pour le faire consister. Je suis donc en état de peinture permanente, comme si je peignais sur une surface qui se déroule devant moi.

​L'option figurative, c'est quelque chose d'important ?

Ce n'est pas évident de peindre, en ce moment, un corps humain, mais quelque part je garde un vieux fonds artisanal, je redoute la perte de production, de quelque chose de tangible.

​Vous travaillez à partir de modèles vivants ?

Je ne travaille jamais qu'à partir d'images déjà constituées : photos, planches le dictionnaire... Je pense que l'on baigne dans cette époque d'images déjà élaborées, elles s'imposent donc nécessairement comme supports.

Entretien Sylvie Blanchet
In La République du Centre - 11 juillet 1991

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