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"L'homme de l'octant" - préface catalogue exposition galerie Samagra

Elle vint à la fin, un visage, une voix, offrant tant de choses en même temps qu'il se sentait plus vulnérable et perdu, plus froid encore fatigué, étranger chez lui, très loin de lui. Un grave problème le tourmentait mais il ignorait lequel. L'inconnu dont il occupait le corps était seul lui aussi. Il n'avait pas d'autre voix que la sienne. Il se parlait en son nom en roi de l'évasion, en individu qui représente un danger imminent pour lui-même

Alors fusaient les marques bleues, odeurs de phtalocyanine, zébrures, cicatrices, baisers, écritures, adieux. Bien sûr il mangeait. Il se rasait. Il monologuait. Comme un don de survie. Il sortait souvent quatre agrandissements en couleur qu'il regardait à quatre pattes. Il se regardait fuir.

Les yeux d'un bleu acide, désinvolte, fantôme courant à l'intérieur d'un corps courant, piqué à l'estomac, seul avec sa blessure ils se poursuivaient, seulement parmi les hommes de givre, bondissant sur le flanc des murs et des miroirs d'eaux noires, sautant les jetées de métal, stupéfiant les hordes hérissées, trouant les ombres, les pluies, les foules. Les meutes de faune pétrifiée, d'un trait jusqu'à l'auroch de l'octant, seul au pôle, l'âme parée d'esquilles d'archéoptéryx, lactée des lichens de mercure, percée des cristaux de la mélancolie, en fin de course à la mort à l'intérieur de la vie, gisant.

Douleur de quelle passion ? Il lui manquait d'énormes parties de lui-même. Il le savait. Une main puissante le saisit et le souleva comme un enfant. Elle était là. Il ferma les yeux pour se laisser aller.

Pour Dominique Ehrhard, le 20 janvier.
Francis Haas

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