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"Hortus Deliciarum" - article revue Artistes

Dominique Ehrhard sonde des mondes anciens et modernes. Il élabore des stratifications savantes où se mêlent des images issues de civilisations lointaines et archaïques. Ces outils chromatiques, plastiques, sont utilisés dans ses tableaux en corrélation avec une idée évocatrice de l'histoire mythologique ou biblique.

Ici, Ehrhard nous entraîne dans un jardin d'Éden. Le quadrillage cadastral, qui recouvre le rythme la toile, nous ramène à l'immensité terrestre sur laquelle des personnages courent, sautent, se meuvent, souvent sans point d'appui, en constant déséquilibre.

Il élabore son tableau en une superposition de strates : collage, empreinte, empilement de fins glacis subtils. Il termine par des empâtements. La réalisation demande plusieurs semaines, voire plusieurs mois. La toile est d'abord enduite d'une couleur ocre. Sur ce fond neutre, le peintre colle des pages découpées dans de vieux livres. Englouties sous la peinture à venir, elles resteront à peine visibles, mais leur structure graphique reste indispensable à l'œuvre. De profil, de face, de dos, il peint des corps dans une posture à la limite de la chute, entre deux mouvements. Sa connaissance parfaite du dessin anatomique lui permet de moduler les muscles justes en apposant une ombre qui donne à ses personnages l'épaisseur charnelle souhaitée. On les gratifiant d'une ombre portée, il stabilise ces corps aux têtes à peine esquissées; dès lors, les personnages pénètrent le fond du tableau.

Françoise Coffrant
In Artistes n°69 - octobre 1997

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